Ma rencontre avec ma femme (20 mars 2022)
« On a dit souvent que derrière un grand homme il y a une femme. Ma femme est à côté de moi et fait de moi un grand homme. »
A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait 36 heures et 3 minutes que je jeûne (oui, j’aime la précision. Le S dans mon profil MBTI. Ma femme, elle aime moins quand je passe plusieurs secondes à savoir si c’était le 7 ou le 8 la date de l’évènement qui s’est passé 3 ans plutôt).
Ma vie a basculé le 7 juillet 2017 à 14h17 à Malakoff.
Ma vie a basculé avec un câlin.
Impossible de savoir à ce moment précis tout ce que ce câlin allait changer toute ma vie.
Je m’en souviens comme si c’était hier. La veille, je mettais rendu au module 2 de CNV (Communication Non Violente). Le 6 juillet donc (Tu suis ?).
J’étais assis à côté d’une femme. Elle était sur ma gauche dans le cercle. Elle avait un haut bleu sans manche et un pantalon rose clair. Elle avait les cheveux courts. Elle était fine. Elle me semblait « ordinaire » comme les autres femmes de ce groupe où nous étions 14. (Je ne savais pas à ce moment-là).
La matinée se passe. A la pause déjeuner, avant de reprendre, je me souviens avoir parlé de mon fils. Comme quoi je ne le félicitais pas pour ses très bonnes notes. C’était pour lui qu’il travaillait. Que j’avais eu cette conversation avec lui. Et là 3 femmes semblaient intéressées par mes mots. Aude, Joné et Chloé (3 du coup, c’est chiant d’être précis tu vois).
Nous avons eu une discussion ensemble (Tisser, ça commence par un tout petit rien).
Et puis, il y a eu cet exercice sur le lâcher-prise, la confiance (merci @Maryse de l’avoir proposé).
Une personne au centre, ferme les yeux, mets les mains sur sa poitrine, et se laisse tomber en arrière. Elle sera rattrapée par les autres qui la repousseront vers d’autres.
Pendant l’exercice, mon côté sauveur est anxieux. Je me sens responsable d’attraper la personne pour ne pas qu’elle tombe. Une femme est à côté de moi et clairement elle est « frêle ». Dès que quelqu’un arrive sur nous, je surcompense le manque apparent de muscle de cette femme frêle. 1, 2, 3 fois.
A la troisième fois, la femme frêle me dit et me fait comprendre qu’elle peut le faire. Qu’elle peut gérer elle aussi. J’étais étonné et je me suis adapté (Une belle fêlure venait de se révéler).
Je ne vous raconte pas comment j’ai eu peur quand je me suis au milieu, moi plus grand, moi beaucoup plus lourd que les autres. J’ai flippé comme si j’allais me prendre un mur à toute vitesse.
Et puis après, je discute avec cette femme. Elle a eu peur de m’avoir blessé par ces mots. Et moi ?
Et moi, je me sentais libéré, délivré, comme la reine des neiges (oh que j’ai chanté cette chanson juste après l’annonce de mon divorce, comme une gamine).
Libéré du poids de la responsabilité des autres. Libéré du poids de devoir prendre soin, de devoir prendre sur mes épaules les autres.
D’où venait cette satanée responsabilité, qui me collait à la peau ??? Je sais, j’étais un homme. (Ah Pétain ! Mutain de merle ! Bord d’aile Aqueux !)
Sans le savoir, elle venait d’appuyer sur un bouton chez moi. Le processus de dé-patririarcalisation (J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois sur l’orthographe… C’est ça d’être dyslexique)
Ça peut sembler faire rire et pourtant maintenant que j’avais ôté cette armure à la con, de l’homme qui protège, qui sauve, je pouvais devenir moi-même.
La porte vers ma sensibilité s’est ouverte de cette manière. Je pouvais réorienter mon énergie, mon attention, ma vie sur autre chose, plus vers mon intérieur.
Dans l’après-midi du 6 juillet (tu as suivi ?), je sens chez moi comme une envie profonde de mieux connaître cette femme. D’explorer ce qui avait provoqué cette ouverture chez moi. Je sens chez moi comme une envie de lui toucher le bras (Eh mec, calme toi !).
J’étais super timide en général. Et puis là, de toute façon, mes pensées n’étaient pas pour la draguer. Je faisais déjà la cours à une femme, plus âgée de 10 ans. (Oui je préférais les plus âgées à cette époque. Elle, elle avait mon âge, une jeunette pour moi).
J’ai hésité toute l’aprèm à lui parler. Je la regardais et je sentais ma main gauche qui voulait la toucher. J’avais cette conversation interne bizarre « Arrête, arrête, qu’est-ce que tu fous ! T’es malade ! On va passer pour quoi ? »
[Interlude] Le « on » c’est parce qu’on est plusieurs en moi. Autant que vous le sachiez. (Oui je te vouvoie pour t’engueuler)
Combien ? Je ne sais pas.
Ça manque de précision ? Aggggrrhhhh comment vous dire poliment le désagrément soudain et puissant qui s’empare de ma plume pour vous incendier et vous demander, si c’est pas trop désagréable (avec le sourire) pour vous d’arrêter de me pointer mes incohérences.
Je suis humain « bout d’aile de barde » !
Je tiens à mon égo. C’est le seul qui reste quand vous ne le lisez plus.
Il va le prendre mal à la faim (ah oui c’est vrai j’ai pas encore mangé…)
[/interlude]
Bon qu’est-ce que j’ai fait alors ? Lui ai-je parlé ou pas ?
Bah, je lui ai parlé tout simplement (en flippant grave ma mère !). « Excuse moi, j’ai envie de mieux te connaitre. Ca te dirait qu’on aille boire un verre après ? ». Et elle, elle a dit un truc de dingue qui me restera toute ma vie dans la tête.
Elle m’a dit « Oui ». (C’est tout ? Oui c’est tout. Déçu·e ? Désolé 🤓 )
Youpi ! J’allais pouvoir explorer cette sensation bizarre de vouloir la toucher sans vouloir la draguer. Et là. Et là. (Pas la chanson voyons dont).
Et là quoi ? Tu te souviens des 2 autres femmes de l’histoire ? Si si, remonte plus haut. C’est bien la peine de les nommer.
Et là, une des femmes, Aude entend notre conversation et nous propose d’aller boire avec nous (Oh non ! C’est quoi ce bordel ? Je voulais un moment intimiste moi ! Je ne peux pas refuser sinon elle va croire que c’est pour la draguer… Allez, souris, mec. Mets ton masque du mec cool).
« Oui bien sûr » (A l’intérieur de moi, c’est autre chose : non pourquoi, mais pourquoi maintenant, demain ? Après-demain c’est pas possible ?).
Et donc, tous les 4, nous nous dirigeons vers un petit bar à côté. Je nous revois dans la rue.
« Tu fais quoi toi ? » Cette femme (oui celle que ma main veut toucher) commence à parler de ce qu’elle fait dans la vie. Elle fait de la langue des signes, elle s’occupe des enfants en situation de handicap. Elle semble douce. Elle semble adorable 😍😍😍😍. Je commence à comprendre pourquoi ma main voulait la toucher.
La soirée bât son plein (Tic tac). Nous discutons ensemble. Nous parlons en mode CNV. Elle, elle est toujours sur ma gauche. En moi, je sens l’envie de continuer d’être à 4, c’est vraiment chouette, et en même temps, de m’éclipser avec elle (Tic tac).
Plus je suis près d’elle, et plus je sens une envie de mieux la connaitre (Non non, toujours pas en mode drague).
Le tic tac est de plus en plus stressant. Moi j’habite loin. Je dois prendre le train (le transilien) pour rentrer chez moi. Et j’ai envie de rester.
Je fais quoi ? Demain, elle repart. Je fais quoi ? Je lui parle ou pas ? (Tu as déjà connu ce genre de situation bien et pourrie à la fois).
Il est 20h30, je décide de lui écrire quelques mots sur mon téléphone : « J’aimerais qu’on dine tous les deux » (Vrai message que je viens de retrouver).
(Tic tac, tic tac) Je cherche le bon moment pour lui montrer discrétos. Je me sens stressé. Plusieurs tentatives passent. Et là, quelqu’un propose qu’on mange au bar… (Aie, Merde-credi ! C’est loupé, raté ! T’es trop un looser !).
Et puis là, quelque chose se passe dans notre groupe de 4. Nous expérimentons de descendre en nous à plusieurs. Comme si quelque chose se connectait plus profondément. La magie de la CNV sans doute. C’était beau à vivre. Ça valait le coup en fin de compte. (Comme quoi. Aude, je la considère comme un membre de famille aujourd’hui. Elle est super précieuse pour moi.)
Bon, l’heure fatidique arrive. Je dois repartir à mon grand dam. (Je fais quoi ? Je fais quoi ? Je lui dis ou pas ?)
« Allez, je dois y aller. Je vous dis à demain ». (Je n’ai pas son numéro, ni son mail)
Je repars touché d’avoir vécu ce moment à 4 et troublé de ne pas avoir pu aller plus loin pour comprendre pourquoi ma main voulait la toucher.
Sur mon trajet retour, je cherche son mail, je la recherche sur Internet. Je trouve deux mails. Je lui envoie, tout penaud, une demande pour qu’on passe du temps ensemble le lendemain. Il est 23h25. (Voici le vrai message)
« Hello xxx (oui je garde son prénom pour la fin),
J'aime bcp nos échanges.
Je te laisse mes coordonnées pour garder contact. »
Bon je vous l’accorde. Ma demande de passer du temps ensemble n’est pas claire. Je cogite toute la nuit. J’espère qu’elle verra mon mail. (Je me réveille plusieurs fois dans la nuit pour vérifier mes mails).
Je reviens tout penaud vers Malakoff. Il est 8h, toujours pas de nouvelles. (Ah merde, elle ne l’a pas vu. C’est mort).
En même temps, je sens en moi, une envie d’un câlin. Ça faisait quelques mois que je cherchais à faire plus de câlin aux autres. Bizarre cette sensation. J’ai envie de lui faire un câlin. (Oui le ouf malade. Ça va pas mec. Tu ne la connais pas. Et tu as envie de lui faire un câlin. Pervers. Chelou).
Et puis tout proche d’arriver sur Malakoff, je reçois un sms. Elle est touchée de mon message. (Oh lutin ! elle l’a reçu).
Je lui dis ou pas que j’ai envie de passer du temps avec elle aujourd’hui. (Prends ton courage à deux mains bonhomme ! Tu ne vas pas te défiler maintenant ?!)
Je prends mon courage à deux mains et je lui demande, la boule au ventre, si elle serait d’accord pour qu’on prenne un peu de temps ensemble dans la journée avant qu’elle parte. (Pour un câlin, malinou !)
Et tu sais quoi ? Elle me sort une réponse qui restera gravée dans ma tête. Elle répond « oui, d’accord. ».
Je la vois en arrivant au lieu du stage. Je lui dis merci pour ses messages et nous ciblons l’heure du déjeuner pour déjeuner tous les deux (en tout bien tout honneur. Moi, je sens l’envie d’un câlin de plus en plus fort dans mon corps).
Arrive l’heure du déjeuner. Je me dis chouette ! Enfin un moment à deux. Et là ? Et là ?
Et là, Aude nous demande si on veut manger à 4…. Arggghhhhh (je t’aime Aude tu sais !). C’est pas possible !!(Burin de sa mer !).
Elle le fait exprès ou quoi ??? Et en même temps, on a vraiment passé une super soirée ensemble.
Je me démonte pas cette fois, j’explique que nous avions prévu de prendre un temps tous les deux. Nous décidâmes de déjeuner tous les 4 et de nous octroyer un moment à deux à la fin du repas.
Nous sommes dans le parc avec nos salades et sandwiches. Tic tac. Tic tac. On reprend à 14h et il est déjà 13h35.
Une brèche s’ouvre (je ne sais plus comment) et Aude et Joné nous laissent seuls vers 13h45. (C’est juste 15 minutes pour une connexion).
On repart et je partage à cette femme ce qui me touche chez elle. (Non je ne vous dis pas son prénom. C’est trop tôt). Je lui dis que je l’ai vu pleurer ce matin. Elle me raconte pourquoi. Je continue à lui décrire ce que je ressens sans vraiment comprendre. On marche vers la salle. Plus on avance, plus la douceur, la sensibilité s’invite dans notre discussion. (Et le câlin du coup ?)
Nous arrivons à la salle et nous devrions rentrer rejoindre les autres. Mystère de la vie, ça n’a pas encore repris. Et si ? Et si ?
Et si je lui parlais du câlin que je souhaitais avoir d’elle. Elle est devant moi sur le trottoir. Moi sur la chaussée. Je me sens fébrile de lui révéler ça. Je lui demande super timide, super penaud. Et elle, elle me dit « ok ».
Nous nous donnons un câlin à 14h17 cet après-midi ensoleillée (j’ai galéré pour écrire ce mot. Dyslexie bonjour !).
Je me suis senti accueilli, par cette femme, dans tout ce que j’étais et ce que j’allais devenir. Un instant hors du temps. J’ai senti une profondeur en moi comme jamais. La magie venait d’opérer.
L’Amour coulait à nouveau en moi. L’Amour ne m’a plus jamais quitté depuis.
Et depuis, j’entretiens au quotidien ce lien avec cette femme qui est devenue ma femme.
Chère Chloé, tu as changé ma vie.
Tu m’as rendu homme grand. J’ai pu à tes côtés me révéler et m’accueillir au fur et à mesure toutes ces années. Merci d’être qui tu es. J’aime ma vie avec toi. Merci de m’aimer comme je suis et même si parfois je t’ai fait très mal. Merci d’être encore là et d’écrire notre histoire. Merci de croire en toi, en moi, en nous.
Merci de me permettre de vivre l’amour avec un grand A et un petit a. Dans la beauté de l’union de deux humains et dans la dureté du quotidien qui nous challenge à apprendre chaque jour à nous aimer plus.
Ce câlin était le début de notre histoire. C’était la partie facile.
Le réel travail a été d’honorer jour après jour cet amour et nous confronter à toutes les secousses de la vie.
Et toi,
Comment suis-tu l’appel de ton coeur ? Comment honores-tu, même si tu flippes à mort, l’envie d’aller vers quelqu’un ? Comment as-tu trouvé, auprès de toi, un autre humain, une autre humaine, qui peut t’accueillir comme tu es ?
Et puis, surtout,
Comment entretiens-tu l’Amour et l’amour chaque jour ?
Comment résistes-tu à l’envie de ne pas dire ce que tu penses alors que le couple en a besoin ? Comment résistes-tu à lui vouloir ? Comment prends-tu soin chaque jour de votre connexion ?
Je te souhaite de trouver l’Amour en toi et auprès d’un autre humain.
Parce que tu mérites d’être aimé·e comme tu es, pour ce que tu es.
Parce que tu mérites de t’aimer comme tu es. Cette autre personne te le montrera.
Mahdi, toujours à jeun depuis 38 heures et 19 minutes.