𝗖𝗵𝗲́𝗿𝗶, 𝗷𝗲 𝗰𝗿𝗼𝗶𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝘁𝗲 𝘃𝗮𝗶𝘀 𝘁𝗲 𝗾𝘂𝗶𝘁𝘁𝗲𝗿. 𝗧𝘂 𝗰𝗿𝗼𝗶𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝘁’𝗮𝗶𝗺𝗲 𝗖𝗢𝗠𝗠𝗘 𝗧𝗔 𝗠****. 

(Si vous vous posez des questions sur la viabilité de votre couple, ne lisez pas la suite. Et si vous êtes un homme d’attachement évitant, pareil. Pareil également si vous êtes une femme qui est anxieuse à l’idée d'être abandonnée par votre partenaire, ce bout d’histoire risque de trop résonner. En tout cas, je vous aurais prévenu.)


_ Chéri, tu m’aimes toujours ?
_ Pourquoi tu me poses cette question encore, et encore ?
_ Tu m’aimes ou pas ?
_ Sérieusement, faut que je réponde à cette question ?
_ Tu as si peu confiance en toi ?
_ Tu esquives là ?
_ Non, j’esquive pas mais j’aimerais une bonne fois pour toute qu’on se le dise et après basta !
_ Toi, se le dire une fois, ça te suffit ?
_ Bah oui. 
_ Je crois que je vais te quitter. Ça me semble une évidence. Ah boutain, le vieux sage avait raison !

_ Hein quoi, parce que je ne veux pas te dire « je t’aime » tous les jours, tu veux me quitter.
_ C’est pas vraiment que je veux, mais plutôt que c’est le choix le plus judicieux, le plus logique.
_ Tu déconnes à plein tube ? C’est qui ce vieux sage à la noix ?! Il t’a mis de la marde dans la tête.
_ Il m’a dit que tu allez répondre ça justement. Il vous connait si bien.
_ Je vais lui péter la goule si je le croise. C’est un bouffe-on ton gars, un vioc. 
_ Tu as l’air bien énervé dis donc.
_ Bah oui, évidemment.
_ En tout cas, ça me conforte dans mon choix.

_ QUOI ??? J’HALLUCINE ! Tu me fais quoi là ? J’ai pas le droit d’être énervé maintenant ?
_ Si tu as le droit, ce sont tes émotions. C’est pas le problème.
_ Tu peux me dire c’est quoi le problème alors ?? 
_ Je te dis que je veux te quitter, et toi, tu t’énerves contre le sage ? Tu ne vois pas le problème ?
_ Si le problème, ce sont les conseils de ce vieux naze.
_ Bon, j’ai ma dose. Tu ne comprends rien. 

_ Attends ! Chérie ? On peut parler quand même ?
_ Ça dépend, tu as quelque chose de plus intelligent à dire ?
_ Oui, d’abord, désolé de m’être emporté comme ça. Je m’excuse. Je ne voulais pas.
_ C’est un bon début. Autre chose ?
_ Tu m’as quand même dit que tu allais me quitter. Ça m’a fait un choc. 
_ Je veux bien le croire. Moi aussi, c’est difficile.
_ Dans ce cas là, pourquoi tu veux me quitter ?
_ Tu crois que je t'aime COMME TA MÈRE !

_ Hein, qu’est-ce que tu racontes ?
_ Elle t’aime, disons te supporte, parce que tu es sorti de son utérus. 
_ Je ne sais pas, c’est ma mère. Elle m’aime c’est tout. Je suis son fils. 
_ Voilà le problème. Tu crois que moi, je devrais t'aimer sans rien attendre en retour. Parce qu’on aurait flirté ensemble et que c’est plus confortable d’être tous les deux que tout seul. Parce que tu daignes m’aimer, alors je devrais déjà être satisfaite de notre relation. Parce que j’ai eu une enfance affectivement merdique, je devrais être heureuse de quémander un « je t’aime » à chaque Saint Glin-glin. 
_ Ça marchait bien comme ça entre nous. Qu’est-ce qui a changé chez toi ?

_ Rien à vrai dire. Enfin, tout sans doute. J’ai souvent eu peur que tu me quittes, que tu m’abandonnes. J’étais tellement flippée que je cherchais sans arrêt à ce que tu sois près de moi. A te coller dès que j’avais peur. 
_ Oui, tu m’as bien collé et saoulé avec tes peurs.
_ Merci de le reconnaitre. C’est ça le problème. C’est comme si je te donnais une partie de ma souveraineté, de ma sécurité. C’est maintenant hors de question. Ca fait des années que je suis en thérapie pour gérer mon anxiété et les traumatismes de mon enfance, et toi de ton côté, tu captes rien, tu fais rien. Comme si, c’est moi qui avait un problème.
_ Bah, tu viens de le dire. Tu as un problème d’anxiété. Tu vas en thérapie pour ça.
_ Arrrggghhh ! J’ai envie de te taper ! Tu es comme tous ces counards. Tu penses pas et après tu me reproches de penser pour deux. Je vais en thérapie, non pas parce que j’ai des problèmes, MAIS POUR LES RÈGLER ! Tu crois qu’en restant dans ton canapé ou avec tes potes, tes problèmes se résolvent ? Bah non. 
_ J’ai pas de problèmes, tout va bien pour moi. 

_ Qu’est-ce que j’ai envie de te hurler dessus quand tu dis ça ! Tu crois franchement que c’est moi qui fout la grouille dans notre relation parce que J'AI un problème et toi tu es Monsieur Propre ?
_ Je peux répondre franchement ? Tu ne vas pas me te mettre en colère ?
_ Vas-y dis, je crois qu’on en n'est plus là.
_ Oui, c’est ce que je pense.
_ Je sors, je vais aller crier.

(Au loin : Argghhhhh ! Qu’est-ce qu'il est quon ! quel abrouti ! J’en ai marre ! Je veux une vraie relation, pas une illusion ! c’est quoi ce bor d’aile de marde ! Quelle quonne je suis. Mais pourquoi je suis allé voir ce sage ?? Maintenant, je sais, je vois, ça fait mal ! Il avait raison, je suis seule dans ma relation ! Je suis CÉLIBATAIRE dans mon couple !!)

_ Chérie ?
_ Oui quoi ?
_ Je t’aime.
_ Ferme-là et fais moi un câlin. J’ai envie de toi.
_ (Je comprends rien)

—
Dans la réalité, il est peu probable que les personnes ayant un fort besoin de proximité émotionnelle et relationnelle (comme celles ayant un attachement anxieux) disent cela ouvertement à leur partenaire ayant un besoin fort d’indépendance (qui auraient par exemple un attachement évitant). Pourtant, je sais qu’elles le pensent pour la majorité d’entre elles.

Si vous vous reconnaissez, j’espère au moins qu’à la lecture de cette histoire, vous vous sentirez compris(e) dans la difficulté de faire comprendre à l’autre la nécessité de travailler la relation. Avoir conscience de la situation et se sentir entendu(e) et légitime, est le début de la transformation. 

Pour les hommes (ou femmes) ayant un attachement évitant, je tenais à vous dire que c’est possible de concilier votre besoin d’indépendance et son besoin de proximité relationnelle. J’en suis la preuve vivante. 

Avec Amour et Empathie,
Mahdi Lansari 

30/06/2023

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