𝕬𝖈𝖈𝖔𝖒𝖕𝖆𝖌𝖓𝖊𝖗 𝖑𝖊𝖘 𝖍𝖔𝖒𝖒𝖊𝖘 𝖉𝖆𝖓𝖘 𝖑𝖊𝖚𝖗 𝖗𝖊𝖑𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖉𝖊 𝖈𝖔𝖚𝖕𝖑𝖊 𝖊𝖘𝖙 𝖚𝖓𝖊 𝖛𝖗𝖆𝖎𝖊 𝖆𝖛𝖊𝖓𝖙𝖚𝖗𝖊.

Qu'il est enseignant d'accompagner les hommes dans leur relation de couple. 

_ Oh preux chevalier, quelle est ta quête ?

_ Oh Madame, moi Jacques de Montmirail, Duc des Vitraux, ma seule et unique quête est de sauver la Reine Guenièvre.

_ Ah bon ? Ce n'est pas la quête de Sir Lancelot de la Mare ?

_ Comment ? Qu'ouïs-je ? Qu'entends-je ? Un homme promis à ma bien-aimée ? 

_ Pardon ?

_ Quelle infamie ! 

_ (plus fort) Pardon ?

_ Je ne saurais le permettre !

_ PARDON !!!

_ Oui quoi, pourquoi parlez-vous si fort ? J'étais en train de me préparer à la guerre contre ce maudit Lancelot de l'eau séant.

_ Vous ne voyez pas le problème ?

_ Si, bien-sûr ! Ca me semble très clair maintenant. Plus que jamais. 

_ En fait, vous ne comprenez rien ?

_ Si, je dois y aller séance tenante. Il y va de mon honneur.

_ Ok, c'est clair maintenant, vous ne pigez rien du tout.

_ Bon, ça suffit, chère prélate. Déclinez l'objet de votre courroux contre moi. Je suis prêt à vous affronter vous aussi.

_ C'est affligeant à quel point vous vous drapez sous des voiles pour cacher votre désarroi.

_ Mon désarroi, je le cris haut et fort au contraire. Avez-vous été contaminé par les miels des abeilles auriculaires ? 

_ Non merci, j'entends très bien. Je n'ai pas de bouchons d'oreilles. Vous esquivez le sujet, je le vois.

_ Parle Manante ! Mon temps est précieux. Je dois sauver...

_ Guenièvre ! Oui j'ai entendu.

_ Diantre ! Il est temps de vous dévoiler, de dire ce que vous me voulez. 

_ Si vous insistez. Je n'y tiens plus de toute façon. Pourquoi aimez-vous Guenièvre ?

_ Parce qu'il le faut, je suis un chevalier, elle une princesse à sauver. D'une évidence rare.

_ L'aimez-vous ?

_ Oui sans doute, présentement même. 

_ La connaissez-vous ?

_ Frédégonde est son prénom. Elle est brune. Un teint soyeux. Un visage blanc immaculé. 

_ Vous voulez dire Guénièvre ?

_ Oui, c'est ce que j'ai dit.

_ Elle a des formes généreuses, capables d'accueillir mon futur fils. Ses mains sont bonnes pour travailler, pétrir le pain et s'occuper des enfants.

_ Mais où avez-lu ces bizarreries ?

_ Je l'ai écouté parler de longues heures. 

_ Vous me décrivez seulement son aspect extérieur là ?

_ Vous avez raison. Je suis fin observateur aussi. J'ai saisi rapidement toute la richesse de notre union. Elle me donnera ce qu'un preux Chevalier comme moi mérite : une descendance et une aide de camp pour mon logis. Je pourrais ainsi trouver une nouvelle quête et accomplir mon destin.

_ Je viens de comprendre la raison de votre désarroi. Vous ne savez pas.

_ Si je sais. Je suis né "sachant". 

_ Non, vous ne savez pas.

_ La société toute entière n'est-elle pas construit sur le fait que les hommes "sachent" mieux que les femmes ?

_ Une certaine société oui. Mais elle est désuète aujourd'hui. 

_ Ecoutez Madame, non seulement vous m'affirmez que je ne "sais" pas, alors que ma condition d'homme m'octroie ce droit, et de surcroit, vous m'affirmez que c'est la société, qui érige la puissance de l'homme masculin, n'est plus. Je ne saurai vous croire. A quoi me servirait mon habit de chevalier ? mon code de l'honneur ? mon dévouement ? ma vie ?

_ Puis-je, s'il vous sied, vous posez une question ?

_ Il me sied. Faites donc.

_ Savez-vous pourquoi les relations amoureuses ont été créé ?

_ Evidemment, tout bon chevalier le sait. Pour motiver les chevaliers à sauver les princesses. Les mettre à l'épreuve pour qu'ils puissent (ép)prouver leur valeur.

_ Il est grand temps que je vous révèle le secret de l'humanité alors. 

_ Quelle condescendance ! Quelle grandiloquence dans une si petite chose !

_ Vos compliments me touchent. 

_ [Une sensation bizarre le traverse en prononçant les mots suivants, comme si quelque chose venait de s'ouvrir] Votre mépris ne saurait me toucher. Mon coeur est fait d'une armure d'acier. Il ne souffre et ne saurait être touché par aucune tentative de manipulations ou de mièvreries.

_ Vous mettez le doigt sur le secret. Votre âme serait-elle en train de vous guider ?

_ [Il résiste encore un peu] Encore une tentative mesquine de me prendre au dépourvu ?

_ Le secret de l'humanité n'est pas dans la quête pour trouver, prendre, défendre le coeur de votre belle-aimée.

_ [Touché] Je suis tout ébaubi par votre secret. Ma vie n'a plus de sens à présent. Laissez-moi mourrir en gueux.

Je commence à peine. Ce n'est pas le secret justement. 
Je revis. Je revis. De l'air.

_ Votre armure dites donc, elle craquelle prestement on dirait.

_ [Affaibli] Comment savez-vous ? 

_ C'est parce que je connais le secret.

_ Ah si vous savez, je peux vous confier le mien. J'en ai marre de guerroyer. Marre de ces quêtes moi aussi. J'ai l'impression que ce serait Frédégonde (qui a déjà tué son précédent mari), Marie Tu ronfles (Bloody Mary), Catherine de Mes Dix Six... ce serait pareil. 

_ Je suis touchée par vos révélations. Continuez je vous en prie.

_ [Ne s'arrêtant plus] Je sens que ma vie me sert à aimer. Je vois bien mon coeur s'emballer quand quelque chose me plait. S'assombrir quand j'ai peur. Battre la chamade quand je discute avec une femme ravissante. J'ai l'impression d'être une abeille qui butine mais qui n'est jamais satisfaite. Je ne sais pas quoi aimer en fait ?

_ Vous ?

_ Qu'y a t il à aimer en moi ? Je suis obligé, comme vous le disiez, de me draper de voiles, pour paraitre, pas être. Sinon, je sais que la société me rejetterait. 

_ Vous ?

_ Je le saurais si j'étais aimable. Tout le monde m'aimerait. Or ce n'est pas le cas. Je dois encore faire mes preuves. Les quêtes étaient sensées m'apporter de la valeur, des raisons pour être aimé.

_ Vous ?

_ Si quelqu'un d'autre ne m'aime pas, comment pourrais-je m'aimer ? 

Vous ?
Si je ne me montre pas sous mes meilleurs auspices, qui pourrait m'aimer ?

_ Vous ?

_ Si je ne trouve pas une femme qui saurait m'aimer comme je suis, je ne saurais pas m'aimer ? 

_ Vous ?

_ Mais bon sens ! Arrêtez avec vos "vous ?". JE NE CONNAIS PAS LE CHEMIN VERS MON COEUR !

_ Incroyable. Magnifique. 

_ Qu'est-ce qui est incroyable ? Magnifique ? 

_ Vous.

_ Vous recommencez là ?

Non, vous je veux dire. La façon dont vous avez baissé vos armes au fur et à mesure de notre conversation. 
Ah bon, je n'avais pas remarqué.

_ C'était courageux. Très courageux même. Peu d'hommes en sont capables. 

_ Je ne savais pas que dire ce qu'on ressent, nos peurs, notre ras-le-bol étaient courageux.

_ Au contraire, dire et exprimer ce que votre coeur vous dit, c'est ça le vrai courage.

_ Tout ça c'est très bien. Mais je ne connais toujours pas le chemin vers mon coeur.

_ Justement, vous venez de commencer votre chemin. Vos premiers pas.

Ah bon ?
Mettre des mots sur ce qui se passe derrière le voile. C'est le début du chemin.

_ Ah ok. C'est ça le grand secret de l'humanité ! Maintenant que je sais, je vais prestement répandre la bonne nouvelle.

_ Laquelle ?

_ Celle qu'il faut dire les choses derrières le voile. 

_ Ne faites pas ça. Vous ne serez pas entendu. Les hommes détestent entendre qu'ils se sont trompés de quête.

_ Mais comment on fait alors ?

_ C'est ça le secret de l'humanité. Ils ont besoin d'histoires qui les font réfléchir sur ce qui est vraiment important pour eux. 

_ Quel genre d'histoire ? 

_ Des histoires d'amour. C'est grâce au fait qu'ils ne sont pas confrontés directement au véritable objet de leur quête qu'ils seront prompts à se mettre en chemin. La relation amoureuse leur permet d'être confrontés régulièrement aux émotions, aux murmures du coeur de leur compagne.

_ Ca ne se finit pas en dispute votre truc là ?

_ C'est la magie du processus justement. En général ni l'un ni l'autre ne sait véritablement pourquoi ils se disputent. Ils pensent que c'est pour des broutilles, parce que l'autre a tort, a une mauvaise intention. Mais c'est tout l'inverse. Chaque tension, conflit est une occasion de marcher ensemble vers leur coeur. 

_ Mais c'est super dur. J'ai qu'une seule envie quand je me dispute, c'est de partir, d'en finir. 

_ Justement, ça doit être suffisamment inconfortable pour qu'on veuille faire quelque chose.

_ Oui mais ça m'éloigne de ma dulcinée en général. 

_ C'est là que la quête, le courage et tout le tintouin sont nécessaires. On imagine que la dispute est un monstre à abattre, une erreur de l'un ou de l'autre, alors qu'elle existe pour "obliger" les deux amoureux à se parler, à essayer de se comprendre. 

_ A chaque dispute, si l'un et l'autre apprennent à s'écouter, se parler, ils iront ensemble chacun vers leur propre coeur. C'est la magie de la relation amoureuse et du secret de l'humanité.

_ Si j'avais su cela avant, je n'aurais pas cherché à sauver une princesse, à chercher absolument à l'aimer pour qu'elle m'aime en retour. Je me serai aimé dès le début de notre relation et grâce aux disputes, nous aurions cheminé à deux vers notre coeur respectif ! Chacun découvrant le coeur de l'autre en même temps que le sien ! Quel secret !

_ Comme vous dites !

J'ai une question. Vous êtes libre ce soir ?
Vous savez que vous parlez à votre miroir ?

_ Bien-sûr, que je le sais. J'ai compris qu'il fallait que j'apprenne à parler avec mon coeur. C'est pour ça que je vous invite.

_ Bien entendu alors. Avec joie.

J'espère que cette histoire vous a plu. Elle parle en réalité, selon moi, du vrai cadeau des relations amoureuses. Non pas de trouver quelqu'un de bien (beau, parfait, irréprochable...) à aimer, mais quelqu'un qui saura être à vos côtés quand vous apprendrez à vous aimer. Et qui saura être patient pour apprendre les compétences qui permettent de transformer les disputes en cadeau.

Et concernant les hommes, je remarque qu'ils s'engagent en général dans un accompagnement de leur couple pour faire plaisir à leur femme. Comme Jacques de Montmirail qui apprendra la vraie raison de sa quête.

Avec Amour,

Mahdi Lansari,

21/08/2023

"J'accompagne des couples et célibataires à développer leurs compétences relationnelles pour se sentir plus épanouis dans leur relation amoureuse."

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